Après plusieurs mois de baisse continue, les taux d’intérêt des crédits immobiliers remontent depuis mi-décembre. Mais ils restent très attractifs par rapport aux taux proposés il y a quelques années. Cependant, comment expliquer cette augmentation ? Voici trois éléments de réponse.La fin de la politique non-conventionnelle des banques centrales
L’une des principales raisons de la hausse des taux est l’incertitude liée au sentiment que les Banques centrales (BCE, FED et compagnies) ont atteint la limite de leur frénésie de liquidité. Aux Etats-Unis, dans un contexte de croissance et de reprise de l’inflation, la réserve fédérale (FED) a entamé un resserrement de sa politique monétaire en procédant à plusieurs augmentations consécutives de ses taux directeurs.
En Europe, la Banque centrale Européenne (BCE) maintient, certes, sa politique de soutien à l’économie en poursuivant son programme de rachats d’obligations publiques et privées (QE), mais annonce qu’elle n’envisageait plus de baisse supplémentaire de ces taux directeurs.
Pour les banques commerciales de la zone Euro, notamment Françaises qui continuent de bénéficier des conditions attractives de refinancement, cette volonté de resserrement des politiques des Banques centrales est synonyme d’incertitude et donc de resserrement des conditions des crédits accordés aux particuliers.
Tension sur les obligations assimilables du trésor (OAT 10 ans)
Si les six premiers mois de l’année 2022 sont marqués par une hausse continue et légère des taux d’intérêt des crédits immobiliers, il faut savoir que la progressive remontée du taux auquel la France emprunte sur dix ans, n’y est pas étrangère. Il est même la principale cause.
Il s’agit du taux des obligations assimilables du trésor à 10 ans (OAT 10 ans) qui est passé d’environ 0,1 % en septembre 2022 à plus de 1 % à la fin du mois de mars 2017, sous l’effet de l’élection Américaine, et connais depuis les résultats de l’élection Française une phase de repli.
En France, les banques et autres établissements prêteurs axent généralement les taux d’intérêt de leurs prêts à l’habitat sur l’indice des obligations assimilables du trésor à 10 ans. En autres termes, les établissements prêteurs ont répercuté la hausse des OAT 10 ans (taux fixe) sur les barèmes qu’ils proposent à leurs clients.
Cependant, la hausse des taux d’intérêt immobilier n’a pas été comparable à celle du barème des OAT 10 ans. A savoir que l’impact de la tension sur ces obligations d’Etat sera plus limité tant que le principal taux directeur de la BCE restera nul.
Les banques ont changé de politiques commerciales
Jusqu’en novembre 2016, la baisse historique des taux d’intérêt des crédits immobiliers s’expliquaient également par la politique commerciale des banques, ambitieuses de satisfaire leurs objectifs commerciaux très élevés. Cependant, à la suite de l’élection Américaine qui a précipité la remontée des emprunts d’Etat de plusieurs pays, notamment la France, les banques commerciales de la zone Euro ont opté pour la prudence en resserrant légèrement leurs barèmes afin de faire face à une potentielle hausse des taux directeurs de l’institution de Frankfort.
C’est ainsi qu’à partir de décembre 2022 que la quasi-totalité des établissements prêteurs, y compris les banques en ligne, ont décidé de réviser à la hausse leurs barèmes, malgré le maintien des taux de la Banque centrale Européenne.
Par ailleurs, comme la faiblesse des taux d’intérêt soutient la dynamique du marché, les prêteurs privilégient une remontée limitée à la fois par son ampleur et aussi par sa durée, à peine quelques mois pour certaines prévisions. C’est pourquoi depuis quelques semaines, la hausse des taux commence déjà à s’essouffler.