En Belgique et au Danemark, des particuliers gagnent de l’argent grâce aux emprunts à taux négatifs. En France, les banques redoutent cette situation qui demeure pourtant quasi-impossible.Les banques d’Europe empruntent gratuitement
Depuis la crise financière de 2008, les banques françaises craignent de devoir appliquer des taux négatifs aux emprunteurs particuliers. Au Danemark et en Belgique, des investisseurs se voient rémunérés pour emprunter.
Pour en arriver à une telle situation, il faut revenir plusieurs années en arrière.
2008 : la crise affole les marchés financiers du monde. Pour faire face, la Banque centrale européenne (BCE) abaisse considérablement son taux directeur. Ce taux est celui auquel se refinancent les banques auprès de l’institution européenne. Le taux directeur influe donc directement sur les taux du marché interbancaire (emprunts entre les établissements bancaires) et sur les crédits accordés aux particuliers.
En réponse à la crise, la BCE a passé son taux de directeur de 4,25 % en octobre 2008 à 1 % en mai 2009. Au cours du mois de mars 2016, la BCE a fixé ce taux à 0 %. Les objectifs de ces importantes baisses sont d’inonder les banques en liquidités afin de stimuler l’inflation et de réduire les coûts des emprunts. Avec le plan TLTRO, les banques sont même payées pour emprunter.
Cependant, les banques sont incitées à prêter puisque leur taux de dépôt est négatif (- 0,4 %). En l’espèce, lorsqu’une banque dépose 1 000 euros de liquidités auprès de la BCE, elle doit lui régler un loyer de 4 euros par an.
Si les conditions actuelles de baisse des taux sont favorables aux clients, les banques voient leurs marges nettes diminuer. C’est là où le bât blesse pour les établissements de crédits.
L’emprunteur français ne profite pas des taux négatifs
Mais pourquoi les banques en France ne pratiquent-elles pas les taux négatifs ? Le Code civil (art. 1892 et 1902) interdit aux établissements bancaires de prêter à perte. L’emprunteur est obligé de rembourser l’intégralité d’un crédit.
Si les cas d’emprunteurs belges ou danois ayant bénéficié de taux négatifs ont pu être cité dans la presse, ces exemples sont marginaux. Ces rares chanceux (seulement 758 clients au Danemark) ont contracté des prêts immobiliers à taux variables qui sont passés sous la barre des 0 % au fil des mois. Le montant du capital remboursé chaque mois est donc réduit de l’avantage représenté par le taux négatif.
En France, les banques se protègent d’une telle situation en retirant les prêts à taux variables de leur catalogue de produits. Selon l’Observatoire Crédit logement /CSA, les crédits à taux révisables ne représentent que 0,1 % des financements immobiliers. Indexés sur l'Euribor, ces emprunts deviennent moins attractifs avec la chute des taux fixes. Si leur évolution à la baisse demeure hypothétique, à l'inverse, leur progression reste envisageable.
Sans oublier que les commissions des banques qui augmentent le montant total d’un emprunt viennent anéantir les dernières chances de bénéficier d’un taux négatif.
En conclusion, si obtenir un taux négatif en France est possible sur le papier, la probabilité, elle, est infinitésimale voire nulle.