Malgré sa politique très accommodante pour relancer l’inflation et la croissance, la BCE commence à s’inquiéter de la concurrence rude que se livrent les établissements bancaires. Pour y remédier, l’institution de Francfort pourrait obliger les banques à proposer des prêts à taux variables.Quand le Comité de Bâle et la BCE font front commun contre le taux fixe
Aujourd’hui en France, les statistiques montrent que près de 100 % des crédits immobiliers sont accordés à taux fixe et 75 % des banques proposeraient ce type de financement à moins de 2,10 %, contre seulement 20 % il y a juste un an.
Ces statistiques inquiètent le Comité de Bâle et les institutions Européennes telles que le Haut Conseil de la Stabilité Financière et la Banque centrale Européenne pour une simple raison : la fragilisation de l’ensemble du système bancaire Européen, voir international.
Rappelons que pour le Comité de Bâle, les conditions actuelles de financement créent un risque important porté par les établissements financiers en cas de remontée du coût du crédit. En fait, les prêteurs accordent actuellement des offres très attractives et se refinancent à court terme à des taux quasi-nul grâce à la politique de la BCE.
De ce fait, en cas de hausse des OAT 10 ans, les banques pourraient être amenées à se refinancer à des taux supérieurs par rapport à ceux proposés aujourd’hui aux ménages et auxquelles seront adossés leurs nouveaux fonds propres. Proposer des taux variables dont l’évolution dépend de l’Euribor permet de transférer les potentiels risques aux emprunteurs.
De cette analyse, le Haut Conseil de Stabilité Financière recommande à la BCE d’imposer aux banques de privilégier les financements à taux variables.
Vers la fin des taux fixes ?
La fin des crédits immobiliers à taux fixes est-elle proche ? Ce n’est pas le cas pour le moment, mais tout laisse à croire que les institutions Européennes s’apprêtent à siffler la fin de partie. Pour elles, le marché s’est emballé.
A savoir que si les conditions sont aussi attractives, c’est parce que les prêteurs se livrent à une concurrence rude pour capter davantage de clients. Ils poussent le curseur au maximum, grâce à des conditions de refinancement très avantageuses. Cette tendance inquiète les régulateurs Européens chargés d’exercer la surveillance du système financier Européen dans son ensemble.
Lors de sa dernière réunion, sous la présidence du ministre des finances (Français) Michel Sapin, le haut conseil de Stabilité Financière a fait part de ses inquiétudes sur les conséquences de cette tendance inédite.
Certes, le régulateur note le dynamisme de la production du crédit, mais rappelle également que les nouvelles pratiques ne doivent pas fragiliser le système bancaire Français et notamment Européen.
Selon certains spécialistes, derrière ces analyses se cache le retour imposé des crédits immobiliers à taux variables que le régulateur voit d’un bon œil. Cependant, force est de constater que le taux fixe a encore de beaux jours devant lui, puisque seuls les prêteurs ont la capacité et la compétence de gérer les potentiels risques grâce à des couvertures adéquates.