Critères d’octroi des crédits aux entreprises : vers un durcissement ?

En raison de la chute de leurs marges dans une conjoncture de taux négatifs, les établissements bancaires pourraient durcir l’octroi des crédits aux entreprises. Une première depuis deux ans et demi.

Quand l’efficacité de la stratégie de la BCE est mise en doute

La politique « non-conventionnelle » et très accommodante de la Banque Centrale Européenne (BCE) baptisée QE (Quantative Easing) qui consiste à racheter des actifs et à accorder des prêts sans intérêt aux établissements bancaires a bien relancé les crédits aux particuliers et aux entreprises dans la zone Euro.

Cependant, si cette politique est très avantageuse pour les demandeurs de prêts (particuliers, professionnels), elle a considérablement réduit les marges des établissements prêteurs et cela met en doute l’efficacité de la stratégie des taux d’intérêt exceptionnellement bas, voir négatifs de la Banque Centrale Européenne.

C’est dans ce contexte que certains établissements bancaires ont cessé d’assouplir les critères de prêts aux professionnels depuis quelques mois. Selon certaines enquêtes, une bonne majorité s’apprête même à durcir les conditions de prêts aux entreprises dans les semaines et mois à venir.

Pour se justifier, les banques mettent en avant leur plus faible tolérance au risque et les effets du taux de dépôt négatif de l’institution de Francfort. Pour rappel, ce barème est en territoire négatif depuis plusieurs mois. Ainsi les banques doivent payer pour déposer leurs liquidités auprès de la Banque Centrale Européenne.

Les taux de dépôt négatifs laminent les établissements prêteurs

Certes, les facteurs comme le Brexit ou le ralentissement de la croissance Chinoise sont entre autres les responsables de tous les maux qui touchent le secteur bancaire Européen et notamment Français, mais les taux bas et les taux de dépôt négatifs sont les principaux facteurs qui impactent la marge des banques.

En fait, sur le fonds, l’institution de Francfort pousse les banques à prêter toujours plus et toujours moins cher. Même si la BCE a mis les moyens avec les liquidités quasi-gratuites, à ce jour, force est de constater que cette politique donne des signes d’essoufflement.

Certes la formule fonctionne toujours, mais pour la première fois, certains établissements bancaires de la zone Euro commencent à envisager d’autres alternatives. Selon une récente étude de la BCE, une majorité estime qu’il est impératif de durcir les critères d’octroi pour certaines catégories de financement pour optimiser leurs marges.

De nombreux établissements prêteurs estiment que cette stratégie de la BCE a eu un effet négatif sur leurs profils sur le dernier semestre même si la demande des financements  des entreprises est en augmentation sur les trois derniers mois.