Permettant de redynamiser le marché du crédit immobilier, aux établissements bancaires d’assouplir leurs critères d’octroi, de booster le marché de la pierre…, les taux d’intérêt historiquement bas sont favorables à la croissance et à l’économie à première vue. Cependant, est-ce vraiment le cas ? Peuvent-ils être dangereux ?Quantitative Easing, un programme nécessaire
Avec l’objectif de favoriser l’accès aux prêts des entreprises et des particuliers pour relancer la croissance et d’une inflation annuelle proche des 2 %, la Banque Centrale Européenne (BCE) avait annoncé en 2022 la mise en place des mesures exceptionnelles nécessitant des centaines de milliards d’euros.
Pour rappel, son principal plan repose sur l’afflux de liquidités pour les établissements bancaires censés prêter facilement aux particuliers et aux professionnels. Ainsi, l’institution de Francfort avait annoncé en janvier 2015 qu’elle injecterait, jusqu’en septembre 2016 plus de 1 110 milliards d’euros pour racheter des dettes souveraines et privées.
Grâce à son succès, ce programme baptisé Quantitative Easing (QE) a été prolongé jusqu’en mars 2017. Pour favoriser ce programme et inciter davantage les banques à prêter la BCE a ramené progressivement son taux directeur à 0 %. A savoir que l’institution a aussi baissé son taux de dépôt. A ce jour, il est en territoire négatif a -0,4 %. Le but étant toujours d’inciter les banques à ne pas thésauriser leurs liquidités.
La politique de BCE a relancé le crédit et a boosté le marché immobilier
Malgré son caractère non conventionnel, force est de constater que les effets de la politique de la BCE sont favorables à l’économie et à la croissance. Pour les entreprises et pour les particuliers, emprunter n’a jamais été aussi bon marché.
En ce mois d’octobre, les niveaux des taux d’intérêts sont historiquement bas pour ceux qui souhaitent s’endetter en vue d’acheter un bien immobilier et aux emprunteurs souhaitant renégocier ou faire racheter leurs encours.
La politique de la BCE a favorisé une sorte d’euphorie générale pour les prêts à l’habitat, mais aussi pour les opérations de rachat de créances. Selon la Banque de France, ces opérations bancaires représentaient près de la moitié des nouveaux crédits accordés en 2015.
Pour rappel, après la légère hausse des taux durant l’été 2015, les demandes de ces rachats de créances avaient légèrement reculé. Mais en 2016, l’euphorie est repartie de plus belle en raison de la baisse continue des taux depuis novembre 2015 faisant passer la part des rachats de 28,5 % en mars 2016 à près de 50 % en août 2016.
Quand les taux bas n’apportent pas de remède
Dernière le dynamisme du crédit aux particuliers et aux professionnels, les statistiques montrent que les résultats de la politique QE de la BCE ne sont pas à la hauteur des attentes. L’institution de Francfort a même révisé à la baisse ses objectifs de croissance et d’inflation. Elle s’attend désormais à un PIB moins important pour la zone euro. Ses prévisions pour 2022 affichent aussi une baisse très nette par rapport aux prévisions précédentes.
C’est dans ce contexte que certains observateurs tirent la sonnette d’alarme en expliquant que le marché du crédit et de la pierre, favorisé par des taux inédits et des mesures fiscales exceptionnelles, est sous perfusion. Certains s’inquiètent de plus en plus sur la santé financière des établissements bancaires face à la baisse de leurs profits.
A savoir qu’une banque est avant tout une entreprise et que son principal objectif est d’engranger et d’optimiser ses profits. A ce jour, pour les prêteurs, la politique de la BCE devient la cause du problème.
En d’autres termes, les taux bas favorisent la baisse des rendements des banques qui, pour maintenir leurs marges, envisagent déjà de durcir les conditions de crédit aux entreprises, d’augmenter les tarifs bancaires, ou encore d’investir dans des actifs risqués.