Certes, les conditions de crédits n’ont jamais été aussi attractives. Certes, la concurrence est de plus en plus acharnée entre les banques, mais les taux d’intérêt les plus bas profitent particulièrement aux meilleurs profils emprunteurs, selon les données officielles de la Banque de France.Quand les banques privilégient les emprunteurs aisés
Grâce à la politique monétaire et financière menée par la Banque Centrale Européenne (BCE) et au niveau inédit du taux des obligations assimilables du trésor (OAT 10 ans) de la France, les établissements bancaires peuvent financer leurs activités quasi-gratuitement. Logiquement, cette tendance se traduire par une baisse continue des taux d’intérêt des crédits immobiliers accordés aux particuliers.
Selon la Banque de France, le taux d’intérêt moyen des financements à l’habitat est ainsi tombé à 2,1 % en décembre 2015, contre 5,1 % fin 2008. Cette baisse pourrait même s’accentuer dans les mois à venir à la suite du Brexit.
De ce fait, cette tendance baissière des taux d’intérêt des prêts immobiliers a alimenté une amélioration du pouvoir d’achat immobilier des Français. Elle a aussi permis à de nombreux emprunteurs de renégocier ou de racheter leurs encours. Néanmoins, depuis plusieurs années, la tendance baissière n’a jamais été uniforme pour tous les emprunteurs.
Si elle a permis à un plus grand nombre de foyers modestes de prétendre à un financement à l’habitat, force est de constater qu’elle a particulièrement profité aux ménages aisés. En fait, les établissements bancaires ont privilégié les profils emprunteurs les plus sûrs, disposant de revenus importants, d’apport personnel conséquent ou encore de plusieurs produits financiers (assurance-vie).
Ainsi, les prêteurs ont mis en place plusieurs seuils de taux, des barèmes pour les emprunteurs ordinaires et des taux réservés exclusivement à une clientèle « haut de gamme ».
Malgré les taux bas, le prêt immobilier reste inaccessible pour certains ménages
Selon la Banque de France, l’accession à la propriété devient de plus en plus difficile pour les ménages modestes et ceux qui accèdent à la propriété pour la première fois. Ses statistiques montrent que la part des primo-accédants est passée de 30 % fin 2008 à seulement 16 % fin 2015.
Cette tendance a été favorisée par la politique des établissements bancaires qui chouchoutent les emprunteurs ayant un profil « premium » avec des offres très attractives au détriment des emprunteurs ordinaires. Ainsi, l’accession à la propriété reste toujours inaccessible pour de nombreux ménages.
Par ailleurs, il faut savoir que les revenus moyens des ménages modestes ont considérablement augmenté entre 2008 et 2015. L’année dernière, il était de 44 000 euros, contre à peine 30 000 euros il y a environ 7 ans.
Par ailleurs, cette augmentation de revenus des emprunteurs s’est accompagnée d’une hausse continue du montant moyen contracté, malgré la baisse des taux et des prix de la pierre. Le montant moyen emprunté s’élevait à 170 000 euros fin 2015, soit une hausse de plus de 30 % par rapport aux chiffres de 2008.