Crédit immobilier : certains indicateurs de solvabilité se détériorent

Dans la conjoncture actuelle caractérisée par des conditions inédites de financement et par la concurrence forte que se livrent les banques, les autorités financières constatent que certains indicateurs de solvabilité des ménages se sont détériorés.

Hausse du volume de prêt immobilier : les autorités restent prudentes

Le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) qui est chargé d’identifier en amont d’éventuels déséquilibres dans le système financier et bancaire de la France se veut très vigilant concernant le marché du crédit à l’habitat.

Lors de sa réunion de décembre, cet organisme rattaché au ministère des Finances a noté que l’accélération du prêt immobilier ne doit pas fragiliser le secteur bancaire, ni favoriser l’apparition d’une dynamique spéculative.

Pour le HCSF, avec la baisse continue des taux d’intérêt qui pousse les établissements bancaires à se livrer une concurrence acharnée pour améliorer leur part de marché, les prêteurs risquent de dégrader dangereusement certains indicateurs de solvabilité des ménages et même d’alimenter une bulle immobilière.

En fait, même si le volume de production record du crédit cette année a été particulièrement favorisé par les taux d’intérêt historiquement bas, il faut savoir que les établissements bancaires ont considérablement assouplie leurs critères d’octroi, quitte à accorder des financements à certains profils emprunteurs jugés précaires.

A savoir qu’en 2016, la quasi-totalité des ménages actifs, même ceux avec un seul salaire ou un seul CDI, pouvaient prétendre à un prêt immobilier sur des durées de remboursement longues (25 ans et 30 ans).

Les statistiques de la banque de France confirment les propos du HCSF

Dans un récent rapport, les statistiques de la Banque de France précise les propos du Haut Conseil de Stabilité Financière. L’institution évoque qu’à la faveur du contexte de prêts « bon marché » le danger serait que les foyers s’engagent sur plusieurs années dans des opérations d’acquisitions risquées.

Craignant des défauts de paiement et des risques pour le système bancaire Français, la Banque de France détaille toute une série de paramètres de solvabilité qui commencent à se détériorer dangereusement.

Selon son dernier rapport, le taux d’effort (part des revenus consacrée au remboursement des crédits) est passé de 29,37 % fin 2022 à 29,59 % fin aout 2016. Sur les mêmes périodes, le revenu annuel moyen des emprunteurs passe de 33 807 euros à 33 417 euros. Quant au taux d’endettement mesuré en années de revenus, il est passé de 4,34 ans en 2022 à 4,52 ans cette année.

Avec de telles statistiques, les autorités (HCSF et la Banque de France) pourraient imposer aux établissements prêteurs de limiter la distribution du crédit en fixant un plafond de prêts distribués ou encore à durcir leurs conditions d’octroi, même si cela va à l’encontre de la politique actuelle de la Banque Centrale Européenne.

A savoir que le plafonnement des prêts distribués par les établissements bancaires existe déjà dans certains pays Européens comme l’Irlande, le Chypre ou encore les Pays-Bas.